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le chien d’or

et calma ses craintes. Il pourrait donc posséder Angélique puisqu’il n’aurait plus de rival à écarter ! il pourrait en même temps entasser de nouvelles richesses. L’heure de la fortune était donc sonnée pour lui !

Il songeait, cependant, à se mettre à l’abri. Il ne voulait pas compromettre un avenir qui s’annonçait tout à coup, si rose et si riant. Il n’avait pas ce reste d’honneur ou de scrupules qui s’affirmait encore dans l’Intendant. La ruse, la fourberie, la lâcheté même, ne lui répugnaient nullement. Il verrait seulement à ce que toute l’affaire eut la véritable apparence d’un accident, de quelque chose d’inattendu, de tout à fait inattendu.

Il ne manquerait pas un iota à la trame.

Le Gardeur ne connaîtrait rien du rôle qu’il lui destinait. Il saurait tout plus tard, trop tard !… quand son épée serait bien rougie du sang du chien d’or… quand il en aurait jusque sur les mains, de ce sang maudit !…

En attendant, il le ferait boire, boire, boire ! Il le ferait jouer ; il irriterait sa jalousie ; il en ferait un démon !

XIII.

Mais pour mener à bonne fin ce projet infernal, il faudrait une femme.

Angélique était dévouée corps et âme à la grande compagnie, et elle détestait souverainement le chien d’or.

Mais elle aimait Le Gardeur ! Elle craindrait peut-être pour ses jours. Oh ! l’amour ! Oh ! ces femmes !…

N’importe ! il la ferait venir là, sur le lieu du meurtre… Elle s’y trouverait comme par hasard. Elle le croirait, du moins.

Il saurait bien, lui de Péan, saisir le moment opportun de la faire intervenir ! Elle se montrerait ! elle parlerait !…

Tout le projet infernal passa comme un tourbillon noir dans l’esprit du secrétaire de Bigot, et il frappa des mains tout joyeux en s’écriant :

— Je l’ai trouvé !