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le chien d’or

Il faudrait l’insulter, le provoquer… puis le tuer. Mais bravement, dignement, avec toutes les couleurs du droit et de la raison. Que cela se fasse en plein jour et comme à mon insu. Vous comprenez ?

— Parfaitement ! et il n’en dépendra pas de moi si l’affaire manque. Nous naviguons dans les mêmes eaux ; cela me va à merveille. Tous les actionnaires de la Grande Compagnie seront enchantés de croiser le fer avec le Bourgeois, si le Bourgeois ne décline pas l’honneur.

— Pas de crainte pour cela, de Péan ; donnons au diable son dû. Le Bourgeois, pour laver une injure, se battrait avec les sept champions de la chrétienté ; et je ne sais pas trop s’il y a trois gentilshommes dans la colonie, capables de lui mettre du fer dans la poitrine.

X.

Cadet qui les écoutait avec un certain air d’ironie, intervint à son tour :

— Il vaut mieux choisir le moment et ne rien risquer de notre côté. Une injure, une petite bagarre, tout le monde crie, se précipite… un coup d’épée bien dirigé, et c’est fait…

Un duel ! vous n’y pensez pas ! Ce ne serait pas le bourgeois qui se battrait, mais son fils le colonel. Et la grande compagnie n’en serait pas quitte à si bon marché.

— Mais je ne veux pas qu’on l’assassine ! répliqua Bigot vigoureusement, qu’on le surprenne la nuit ou dans un coin !

— Vous avez raison, répondit Cadet, qui vit bien que l’Intendant songeait à Beaumanoir, vous avez raison ! Mais qui va se charger de cette difficile besogne ?

Reposez-vous sur moi, riposta de Péan ; je réponds de l’affaire. Je connais un actionnaire de la grande compagnie qui fera triomphalement passer le char de la Friponne sur le corps du bourgeois, si je puis une bonne fois l’atteler.