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le chien d’or

time comme un frère ; il vous croit son ange gardien, n’est-ce pas ?

— Quand il est ivre ! À jeun, c’est autre chose ; je n’ose pas en approcher trop : il donne des ruades comme un poulain qu’on étrille à rebours.

— Faites-le boire alors ; tenez-le plein. Il faut lui mettre la selle et le lancer à la poursuite du plus gros gibier de la Nouvelle-France.

VIII.

De Péan, qui ne comprenait guère ce langage figuré, regarda l’Intendant d’un œil chargé de points d’interrogation. Bigot reprit :

— Vous avez essayé, une fois, d’atteindre mademoiselle de Repentigny, si je me rappelle bien ?

— Oui, Excellence ! mais le raisin était trop haut… maintenant il est trop vert.

— Tut ! tut ! fin renard que vous êtes ! ne dites pas cela ; un autre bond et vous allez l’atteindre.

— Votre Excellence me vante trop, assurément… Au reste, si j’avais à choisir aujourd’hui, je…

— Coquin ! je devine ce que vous allez dire… Vous n’avez pas mauvais goût ; vous êtes un connaisseur. Qu’il soit fait selon votre désir !… Arrangez-nous une jolie partie de chasse à la Philibert, et je donne à Angélique, pour sa dot, le chien d’or transformé en doublons. Vous me comprenez ?

De Péan se dressa. Il n’osait comprendre. Cependant, fasciné par la fortune et la femme qui miroitaient aux yeux de sa convoitise, il se sentait disposé à tout entreprendre.

— Comment ! balbutia-t-il, vous m’approuveriez si je recherchais mademoiselle Des Meloises ?

— Plus que cela ! je vous aiderais, et j’aurais pour madame de Péan, toute la déférence, toute l’estime, toute l’admiration que je ressens pour Angélique Des Meloises.

De Péan ne voulait en croire à ses oreilles.

Je vous jure, affirma l’Intendant, que vous l’aurez