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le chien d’or

compter les jansénistes de France, que je ne sais trop si la marquise pourrait me protéger.

Cadet amena Bigot à l’écart.

— Il y a plus d’un moyen d’étrangler un chien, dit-il, on trouvera !

VI.

Bigot se sentait enfermé dans un cercle de fer, mais il voulait le rompre et s’échapper. Le meurtre de Caroline, le mensonge au gouverneur, la jalousie de la Pompadour, les recherches du baron de St. Castin, l’antipathie de Philibert et de la Corne St. Luc, et, enfin, la paix qui venait d’être proclamée : tout contribuait à le perdre. Un homme d’une énergie commune se serait désespéré ; mais les obstacles l’excitaient, l’irritaient et le trouvaient inébranlable.

Au reste, sa morale était accommodante, et tous les moyens lui semblaient bons.

Il se mit à arpenter sa chambre, vivement, fiévreusement, la tête basse, et en gesticulant.

VII.

De Péan se disposait à sortir ; Cadet lui fit signe d’attendre, pour voir ce qu’allait décider l’Intendant ; car il était évident qu’il élaborait un plan.

Au bout d’un instant, Bigot s’arrêta, en se frappant dans les mains, comme un homme qui vient de prendre une ferme résolution.

— De Péan, fit-il, Le Gardeur a-t-il manifesté le désir de s’échapper du Palais ?

— Pas une minute ! Excellence : il est solide comme un pont ! Vous auriez plus vite fait de démolir le pont neuf ! La nuit dernière, il a perdu mille piastres aux cartes et cinq cents piastres aux dés. Alors, il s’est mis à boire. Il ne vient que de se lever. Son valet, quand je suis sorti, était en train de lui laver la tête et les pieds dans du cognac.

— Vous êtes son ami intime, de Péan ; il vous es-