Page:Kirby - Le chien d'or, tome II, trad LeMay, 1884.djvu/191

Cette page a été validée par deux contributeurs.
191
le chien d’or

son ami, le danger va nous venir de La Corne St. Luc et de Pierre Philibert. Ils sont chargés de trouver mademoiselle de St. Castin, et ils vont la chercher partout, dans toute la Nouvelle-France. Ils apprendront sans doute des Hurons ou de mes serviteurs qu’une femme est venue à Beaumanoir et n’en est jamais sortie. Ils soupçonneront la vérité, visiteront le château, ne trouveront rien dedans, fouilleront dessous, découvriront les traces de la fosse, déterreront la victime… et la Bastille ou la Place de Grève pour moi ! la ruine pour vous autres !

IX.

Cadet s’écria, enlevant sa pipe comme pour l’offrir en expiation :

— Ce serait bien mal récompenser la charité que nous avons exercée l’autre nuit ! Vous auriez mieux fait de ne point mentir, Bigot ; nous aurions pu nous battre l’un et l’autre hardiment, avec la chance de la victoire. Maintenant, nous sommes perdus, si votre mensonge est découvert.

— Par Dieu ! il le fallait bien ! Qui aurait pu supposer qu’on allait nous faire danser sur ce pied-là ?… Pourtant, j’aurais dû parler franchement, bravement, je l’avoue Cadet.

— Avec la Pompadour, surtout, il faut être bien prudent, et il est dangereux de la tromper.

— Enfin, Cadet, ce qui est fait est fait, ce qui est écrit est écrit. Bénis le pape ou maudis le diable, tu n’en seras pas plus avancé d’une façon que de l’autre. Allons-y hardiment ! Faisons comme les trappeurs des grandes prairies : allumons du feu devant nous, pour nous garer de celui qui nous menace par derrière.

— Alors, si nous sommes traqués, nous brûlerons le château ?

— Brûler le château ? êtes-vous fou, Cadet ! Donnons le change à de La Corne et à Philibert. Enveloppons-les d’une fumée si épaisse qu’ils perdent de