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le chien d’or

V.

Bigot s’agitait, jurait, tempêtait, mais avouait son impuissance absolue à venger sa bien-aimée Caroline ; Cadet fumait tranquillement sa pipe, en attendant que l’orage fut passé.

— Me faire ainsi jouer par une femme ! répétait Bigot, moi qui les ai toujours vaincues… N’importe ! elle me le paiera !

— Épousez-la, par Dieu ! épousez-la ! fit Cadet en riant. Je la prendrais bien pour femme, moi, mais je ne pourrais pas dormir. J’aurais peur de me réveiller sous les dalles du parquet…

Bigot ne put s’empêcher de rire aussi.

VI.

Il fut alors décidé, entre Cadet et Bigot, que le silence serait gardé sur cette lugubre affaire. Bigot continuerait à rechercher Angélique et à lui faire sa cour. Il lui proposerait même de l’épouser.

— Mais je ne l’épouserai jamais ! s’écria Bigot, non, jamais ! Seulement, je veux lui donner des espérances, et lui causer des regrets.

— Prenez garde, Bigot ! il ne faut pas jouer avec le feu !

Au reste, vous ne connaissez pas cette femme.

— Oh ! je n’irai que juste assez loin…

— Le mariage ou le couvent, reprit Cadet…

— Je ne veux pas du mariage et je ne peux pas lui ouvrir le couvent.

— Tut ! mère de la Nativité respectera vos lettres de cachet, et saura bien donner à la belle pénitente, une cellule aussi confortable que sûre.

— Mère de la Nativité ! elle m’a sermonné une fois ; elle ne m’y reprendra plus ! Elle a failli me faire croire que François Bigot est le plus grand misérable du monde… Si vous l’aviez vue dans son indignation ! quels yeux ! quelle pâleur, et quel feu !…

— Que lui proposiez-vous donc ?

— De recevoir une pénitente, une jolie pénitente