Tenez Bigot, nous n’avons qu’une chose à faire : c’est de ne rien faire du tout. Silence absolu !
IV.
L’Intendant se promenait d’un bout de sa chambre à l’autre, en se frottant les mains avec colère :
— Si j’étais certain, bien certain que c’est elle, vociférait-il, je la tuerais ! oui, je la tuerais ! Un crime comme le meurtre de Caroline, demande vengeance !…
— Bah ! si la vengeance retombe sur votre tête !… Vengez-vous comme un homme doit et peut se venger d’une femme ; c’est aussi cruel et plus agréable…
Bigot regarda Cadet et partit d’un éclat de rire.
— Vous voulez la faire passer par le parc aux cerfs. Cadet ? Par Dieu ! avant six mois elle serait sur le trône.
— Non ! par le château de Beaumanoir, d’abord ! Mais vous êtes de trop mauvaise humeur, aujourd’hui, pour rien décider de bon, repartit Cadet, en allumant sa pipe.
— Oui ! je suis de mauvaise humeur, comme jamais, et je me sens enchaîné ; je ne puis remuer !
— Pas un mouvement ? pas un mot ! c’est mieux… Si Philibert ou de La Corne apprenaient la moindre chose seulement ! vous les verriez bouleverser le château de fond en comble, sortir la victime de sa fosse et vous accuser de meurtre et moi de complicité !
Les apparences sont contre nous. Nous sommes condamnés d’avance…
Les maudites femmes !
La meilleure action de ma vie, c’est d’en avoir enterré une… Mais si vous alliez en dire un mot à Angélique, ça serait la plus mauvaise. Je ne suis pas encore prêt à donner ma tête pour aucune d’elles, ni pour vous !