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le chien d’or

de mes amis ! Lantagnac a osé me montrer l’or qu’il lui avait gagné ! il a osé m’offrir des perles achetées avec l’argent du jeu ! Je les ai jetées au feu, ses perles ! et si j’avais été homme, je l’y aurais jeté lui-même… J’ai pu faire du mal à Le Gardeur, mais je ne souffrirai pas que les autres le maltraitent ! Je ne l’ai pas repoussé finalement… Attendons ! je ne puis rien dire de plus !…

XXIII.

— Regarde ici, Angélique, reprit Amélie, c’est là que je lève les yeux quand j’ai besoin du secours d’en haut.

Ses regards chargés de pleurs se fixaient sur la croix du tabernacle.

— Mettons-nous à genoux et prions pour mon frère, continua-t-elle.

Angélique obéit. Toutes deux, pendant quelques minutes, prièrent, en silence, prosternées devant l’autel. Mais quelle différence dans la ferveur et la foi !

Angélique se leva soudain :

— Mon Dieu ! je m’attarde trop, dit-elle, il faut que je parte. Je suis bien contente de t’avoir rencontrée. Compte sur moi comme sur une sœur.

Amélie l’embrassa. Ses lèvres crurent effleurer les lèvres froides de la mort. Elle eut un tressaillement pénible, et longtemps après, elle se souvenait encore, comme d’un rêve mauvais, de cet attouchement de glace.

La cathédrale était déserte. Deux ou trois fidèles seulement priaient aux pieds des tabernacles.

Les deux jeunes filles se séparèrent sous la galerie en arrière, et sortirent par deux portes différentes. Entraînées sur le fleuve de la vie par deux courants opposés, elles ne devaient plus jamais se rencontrer.