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le chien d’or

Et elle montra la niche sainte, en l’air, devant elle.

— Si Le Gardeur fait des extravagances, ajouta-t-elle, je le regrette sincèrement, je le regrette autant que toi. Que puis-je dire de plus ?

XXI.

Angélique parlait avec sincérité, cette fois, et elle fit sur son amie une impression favorable.

— Je crois que tu dis la vérité, Angélique, répondit Amélie, et je sais que tous ceux qui connaissent Le Gardeur s’affligent de le voir s’oublier ainsi. Pourtant, mon Angélique ! tu aurais pu, par ta grande influence sur lui, le préserver de ces hontes ; tu pourrais le sauver encore ! Un mot de ta bouche ferait plus que les plus éloquentes paroles du reste de la terre pour le ramener à la raison…

— Tu mets ma complaisance à l’épreuve, Amélie ; mais pour l’amour de Le Gardeur, je puis supporter bien des contrariétés. Sois certaine que je ne puis rien faire pour le ramener. Il met à son retour au bien des conditions impossibles.

— Des conditions impossibles ? Mais quelles conditions ?… Oh ! je devine, je sais… Pourquoi donc as-tu accepté son amour et ses hommages, si tu devais ensuite le repousser et le désespérer ? Le Gardeur ne méritait pas cela !…

Amélie s’indignait, et des larmes de dépit roulaient dans ses beaux grands yeux.

— J’avouerai, reprit Angélique, que je ne méritais pas ton frère, si cela peut te consoler. Et crois-tu que ça n’a pas été un sacrifice pour mon cœur que de renoncer à lui ?…

— Je ne sais pas, Angélique Des Meloises : mais je sais que tu as surpris le meilleur des cœurs, pour ensuite le fouler à tes pieds.

— Devant Dieu, devant la croix de l’autel, riposta Angélique avec indignation, je n’ai point fait cela ! J’ai aimé Le Gardeur, mais ne lui ai jamais engagé