Page:Kirby - Le chien d'or, tome II, trad LeMay, 1884.djvu/178

Cette page a été validée par deux contributeurs.
178
le chien d’or

Et elle lui tendit une carte, une carte à jouer, celle que les fatalistes considèrent comme la plus redoutable. L’avait-il choisie à dessein ?

Sur le revers une main tremblante avait écrit :

— Retourne à la maison, Amélie ; je ne veux pas te voir. Retourne à la maison, chère sœur, et oublie ton indigne et malheureux frère…

Madame de Tilly attira contre son cœur son infortunée nièce :

— L’amour d’une sœur, dit-elle, n’oublie jamais, ne se fatigue jamais, ne désespère jamais !

Et elle se prit à pleurer, elle aussi.

XVIII.

Cependant madame de Tilly songeait aux amis influents qui lui prêteraient leur aide, et elle comptait sur le caractère noble de son neveu qui sortirait de sa torpeur morale, au nom de l’honneur :

— Tu verras, mon Amélie, disait-elle, que la vertu finira par l’emporter sur le vice. Elle est plus puissante et elle a plus d’attraits…

L’amour pouvait sauver mon frère, pensait la jeune fille… Hélas ! celle qu’il aime est indigne de lui, et cependant il eut mieux fait de l’épouser, que de se livrer au désespoir… Je verrai Angélique Des Meloises, oui je la verrai !… C’est elle qui l’a rappelé de Tilly, elle seule peut le tirer de la fange du Palais…

XIX.

Angélique aimait toujours Le Gardeur, mais elle ne voulait pas devenir sa femme. C’était chose décidée ; et Le Gardeur depuis son retour, dans une heure d’ivresse, l’avait en vain de nouveau suppliée d’unir sa destinée à la sienne.

Elle fut tentée de s’éloigner d’Amélie, quand elle l’aperçut agenouillée près d’elle, dans la cathédrale. Elle avait peur de ses regards de chérubin qui pénétraient jusqu’au fond de l’âme et pouvaient en surprendre les secrets. Elle ne se sentait pas de force à