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le chien d’or

XVI.

À son retour de Tilly, Amélie s’était rendue avec Pierre Philibert au palais de l’Intendant, pour voir Le Gardeur. Ils furent l’un et l’autre éconduits rudement. On leur répondit que Le Gardeur jouait avec de Péan une partie de piquet, pour le titre de champion du palais, et qu’il ne se dérangerait pas, quand même saint Pierre lui-même viendrait frapper à la porte.

Ce fut Lantagnac qui apporta la réponse.

Philibert dit qu’il allait tenir l’Intendant responsable, et lui demander raison par l’épée, de ce complot formé dans son palais, pour détenir Le Gardeur.

Amélie, craignant le résultat d’une rencontre entre Bigot et son fiancé, courut seule au palais, dès le lendemain.

Elle ne put entrer. Ses prières et ses larmes furent inutiles. Son frère refusait de la voir.

De Péan la reconduisit à sa voiture en s’excusant de ne pouvoir lui être agréable, et en jurant qu’il n’avait été pour rien dans le retour subit de son frère. Il se souvenait de la fière attitude de la jeune fille à son égard, et prenait un malin plaisir à voir couler ses pleurs.

Quand elle fut partie, il éclata de rire.

— Les honnêtes gens peuvent venir aux funérailles de la vertu de Le Gardeur, exclama-t-il.

XVII.

Amélie se jeta au cou de sa tante.

— C’est fini ! dit-elle, mon pauvre Le Gardeur est perdu ! Il ne veut plus me voir ! Ô mon frère ! mon pauvre frère !

Et elle éclata en sanglots.

— Ne te décourage pas, mon enfant, lui répliqua madame de Tilly, ce n’est peut-être pas lui qui t’a fait cette réponse. Il ignore peut-être même ta visite au palais…

— Hélas ! voyez, bonne tante.