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le chien d’or

XIII.

La Force se pliait comme une cire molle à toutes les exigences d’Angélique et il ressentait un vif dépit du tour que venait de lui jouer Louise Roy, la plus mauvaise tête du couvent, comme il l’appelait. Il se promettait de se venger d’elle, même en l’épousant, s’il le fallait.

Il chevaucha avec sa compagne par quelques-unes des rues les plus fréquentées, recueillant de toute part des sourires et des saluts.

Ils traversèrent la place du marché, puis Angélique, par une fantaisie nouvelle, vint arrêter sa monture en face de la cathédrale.

— Allons réciter un bout de prière, dit-elle à son cavalier.

Elle entra ; il la suivit.

Elle voulait voir si la prière qu’elle avait essayé de formuler en vain, dans son angoisse de la nuit dernière, tomberait de ses lèvres maintenant. Elle ne se repentait point, mais elle espérait détourner la vengeance de Dieu. Comme si le Seigneur pouvait entendre les supplications d’un cœur coupable et endurci !

L’église était remplie de monde. C’était le jour de la St. Michel, la fête de tous les anges aussi, et tout chantait, louait, bénissait, dans le temple auguste : le prêtre à l’autel, le chœur en surplis, l’orgue solennel, l’encens odorant, le peuple à genoux !

Angélique fut touchée de ce déploiement de pompes, d’amour et d’harmonie, et elle fléchit les genoux.

Au même instant, ses yeux se portèrent sur le banc de l’Intendant, et tout un essaim de pensées frivoles se mit à jouer devant son esprit.

XIV.

Elle pensa aux plaisantes rumeurs qui couraient la ville ; à son mariage probable avec l’Intendant. Bigot avait bu à sa santé à genoux à la taverne de