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le chien d’or

elle, qu’il ne s’est jamais marié. Elle doit le savoir ; elle connaît bien sa famille.

— C’est parfait, ma bonne Louise, mais tu fatigues le sieur La Force ; pour l’amour de Dieu ! descends.

— C’est bon ! je veux le punir parcequ’il sort avec toi et me laisse ici…

Mais n’oublie pas de m’inviter à tes noces, Angélique ! Si tu l’oublies, j’en mourrai !

Et elle commença à parler d’autres choses.

XII.

— Méchante, va ! descends donc ! Le sieur La Force est mon cavalier aujourd’hui ; tu n’as pas le droit d’abuser ainsi de sa galanterie, lui murmura Angélique à l’oreille.

— Encore un mot, fit Louise.

Elle sentait la main du jeune homme trembler et baisser sous son pied mignon, et cela l’amusait.

— Pas un mot ! descends, répliqua Angélique impatientée.

— Embrasse-moi, alors, et bon voyage ! fière que tu es ! Ne le garde pas toute la journée ; toute la classe serait jalouse.

Angélique secoua la bride de son cheval qui se cambra soudain, et Louise descendit un peu brusquement.

— Merci ! dit-elle à La Force, en le regardant avec des yeux chargés d’ironie et de gaieté, et en faisant un geste significatif, merci ! merci !

Et elle rejoignit ses compagnes en semant le rire comme un collier de perles.

— Elle s’est fardée ! leur dit-elle, assez fort pour être entendue, elle s’est fardée !… Elle a les yeux fatigués. Elle n’a pas dormi de la nuit… elle est en amour… je pense que c’est vrai qu’elle va se marier avec l’Intendant !

Les jeunes élèves jetèrent un éclat de rire argentin comme un tintement de cloche, et firent un nouveau salut aux deux promeneurs qui s’éloignaient.