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le chien d’or

— Attendons une minute. Voici les pensionnaires, je veux qu’elle me voie.

XI.

Les premières qui sortirent du couvent appartenaient à la classe des Louise. Elles venaient riant, caquetant, sans paraître se soucier de rien voir. Quand elles furent près d’Angélique et de La Force, elles relevèrent leurs voiles et firent un gracieux salut.

L’une d’elles, la plus jolie avec ses opulents cheveux, prit le lorgnon d’or qui pendait à son cou, et regarda La Force avec une comique gravité, puis fit du pied, le geste de monter à cheval.

La Force tendit sa main, comme pour lui servir d’étrier. Elle y mit le pied, et saisissant Angélique, elle l’embrassa cordialement.

Pour être vrai, elle était un peu froissée, la jolie Louise Roy, car l’espiègle élève n’était pas autre que Louise Roy. Elle voulut se venger en pesant de toutes ses forces et en demeurant longtemps sur la main de son infidèle chevalier.

— Angélique, commença-t-elle, il est rumeur dans le couvent que tu vas épouser l’Intendant… Mère St. Louis, ton ancienne maîtresse, en est toute ravie. Elle affirme qu’elle t’a toujours prédit un brillant mariage.

— Ou rien du tout ! répliqua Angélique, comme l’affirmait mère Ste Hélène. Mais qui vous a dit cela, au couvent ?

— Qui ? Oh ! tous les oiseaux du jardin ! Mais dis donc, ma chère, il paraît que c’est un vrai Barbe-bleu que cet Intendant, qu’il a eu des femmes tant et plus déjà, et qu’il les fait mourir… Est-ce vrai ?

Un frisson agita Angélique.

— Est-ce que je sais moi ? fit-elle en s’efforçant de sourire. Dans tous les cas, il n’a pas l’air d’un Barbe bleu.

— La mère St. Joseph, qui vient de Bordeaux, dit-