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le chien d’or

mes joues leurs couleurs, à mes yeux leur éclat… Je vais faire des visites et je serai vive, gaie, pétulante, pour détourner les soupçons !

Tout le monde dira :

Comme elle est heureuse ! Elle n’a ni regrets ni inquiétude, elle !

VI.

Elle sonna Fauchon. Elle avait hâte de vêtir sa plus belle toilette. Dans les plis du velours et sous les caresses de la soie, elle s’échapperait à elle-même ou bien se retrouverait comme naguère.

Fanchon accourut. Elle attendait depuis longtemps et craignait que sa maîtresse ne fût indisposée.

En entrant, elle poussa un cri de surprise.

— Madame, comme vous voilà pâle !…

— Je ne suis pas bien, pas très-bien, se hâta de dire Angélique. Une petite promenade à cheval, au grand air, au soleil, va me remettre.

— Mais ne serait-il pas prudent de voir le médecin, madame.

— Le médecin ? Allons donc ! Je rencontrerai peut-être quelqu’un qui me fera plus de bien que le médecin, Fanchon, qui sait ?

Elle essaya de rire.

VII.

— Fanchon, demanda-t-elle, une minute après, où est votre tante Dodier ?

— Elle est partie pour St. Valier, ce matin, madame,… c’est-à-dire, je suppose qu’elle est partie, car je ne l’ai pas vue depuis avant-hier. C’est une drôle de femme que ma tante Dodier. Elle ne parle jamais à personne de ses affaires.

— Elle a peut-être d’autres bijoux à trouver, répliqua Angélique, tout machinalement.

Elle se sentit soulagée en apprenant le départ de l’empoisonneuse.

— Peut-être, madame, fit la petite Fanchon comme un écho.