Page:Kirby - Le chien d'or, tome II, trad LeMay, 1884.djvu/166

Cette page a été validée par deux contributeurs.
166
le chien d’or

Castin, et il se fatiguait à chercher une solution à ce mystère de mort.

Il se demandait quel souffle de l’enfer avait inspiré ce crime et quelle main audacieuse l’avait perpétré ; il évoquait le souvenir de ses amis et de ses ennemis, et des figures connues passaient sans cesse devant ses yeux… et parmi ces figures, revenait toujours celle d’Angélique Des Meloises.

Il se souvint de la vigueur jalouse avec laquelle elle dénonça la captive de Beaumanoir, de son âpre persistance à demander des lettres de cachet pour l’envoyer à la Bastille. Il savait qu’elle était ambitieuse, hardie, jalouse ; et cependant, il ne pouvait la croire capable de commettre un pareil forfait. Elle était si belle, si enjouée, si séduisante !

Et toutes ces pensées l’agitaient comme les flots agitent une épave.

— C’est impossible ! c’est impossible ! murmurait-il, ce n’est point elle !

Et cependant, Angélique Des Meloises passait toujours devant ses regards troublés, — et sur ses mains blanches il y avait des taches de sang !…

À la fin, il se fâcha contre cette pensée, et se tourna vers le mur comme pour lui échapper.

Il avait peur de deviner la vérité.

III.

Cependant que pouvait-il faire ? Il était condamné à garder un silence absolu sur l’assassinat de sa bien aimée. La main coupable s’offrirait-elle à lui, qu’il lui faudrait la serrer dans la sienne. Il ne pouvait pas avouer, maintenant, que la fille du baron de St. Castin avait habité sa maison ; il ne pouvait pas avouer qu’elle était morte chez lui !

Le mystère de la chambre secrète devait rester ignoré ; la tombe de l’infortunée Caroline devait rester inconnue !

Maudire l’assassin, regretter la victime et paraître indifférent : voilà ce qu’il lui restait à faire.

Il sourit avec amertume et s’endormit.