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le chien d’or

ce pas ? Allez la trouver, maintenant. Présentez-lui nos compliments. Dites-lui que nous sommes fâchés de la déranger à pareille heure, mais qu’il est indispensable que nous la voyions immédiatement.

XII.

Dame Tremblay, toujours souriante depuis que Bigot avait évoqué sa jeunesse, se hâta de se rendre auprès de mademoiselle de St. Castin.

Bigot, un peu soucieux, se demandait si la captive se soumettrait de bon gré à cette pénible nécessité. Cadet aurait voulu transporter à la Tuque, toutes les femmes de la Nouvelle-France, afin d’éviter de nouveaux ennuis.

Ils demeurèrent silencieux, écoutant le bruit des pas qui s’éloignaient.

Un chien se mit à aboyer au loin dans le calme de la forêt.

Après quelques minutes la ménagère remonta.

— Mademoiselle n’est pas dans sa chambre, dit-elle, elle est descendue à l’oratoire, pour prier dans le silence, suivant sa coutume, et elle désire n’être jamais dérangée en ces moments-là.

— Fort bien ! dame Tremblay, répondit Bigot ; en ce cas, vous pouvez vous retirer. Je descendrai la rejoindre dans la chambre secrète… Pauvre enfant ! ces veilles la fatiguent, la tuent !…

Si elle n’est plus ici demain matin, souvenez-vous, dame Tremblay, des recommandations que je viens de vous faire. Un silence absolu, une discrétion à toute épreuve ! Tenez votre langue entre vos dents blanches… Elles sont encore comme l’ivoire, vos dents…

Bigot la flattait pour la rendre plus fidèle, car elle aimait mieux un compliment qu’une bourse d’or.

— Fiez vous à moi, Excellence ! assura la vieille vaniteuse et elle rit pour montrer l’ivoire de ses dents. Fiez-vous à moi ! je n’ai jamais trompé un gentilhomme ! Le sieur Tremblay, on n’en parle point ; il ne l’était pas. Quand j’étais la charmante