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le chien d’or

À ce serment, la Corriveau cracha sur le plancher, comme elle avait fait déjà. C’était pour dire qu’elle crachait à la face du Seigneur.

— Vous êtes folle de me parler ainsi, Angélique Des Meloises ! répliqua-t-elle ensuite. Savez-vous bien qui je suis ? Savez-vous qui vous êtes ? Vous êtes un pauvre papillon qui vient battre de l’aile contre la Corriveau. N’importe, j’aime votre audace. Les femmes de votre trempe sont rares. Le sang d’Exili n’était peut-être pas plus vaillant que le vôtre ! Vous demandez la mort d’une femme qui n’a pas craint d’allumer dans votre âme l’enfer de la jalousie, et vous voulez que je vous indique le moyen de vous venger !

— Je veux que vous me vengiez vous-même ! affirma Angélique d’une voix impatientée.

Elle était fatiguée de tous ces détours ; il fallait en finir. Elle ajouta sur un ton plus conciliant :

— Et je vous récompenserai dignement, magnifiquement.

— Tuer un homme ou une femme, c’est toujours un plaisir, même quand ça ne rapporte rien, répondit la Corriveau avec cynisme ; mais je ne vois pas pourquoi je me jetterais dans le danger pour vous, mademoiselle Des Meloises. Avez-vous assez d’or pour payer le risque ?

XI.

La glace était rompue, complètement rompue ; Angélique pouvait parler maintenant, elle pouvait jouer cartes sur table.

— Dame Dodier, assura-t-elle, je vous en donnerai plus que vous ne pensez, plus que vous n’en avez jamais vu.

— C’est possible, mademoiselle, c’est possible ; mais, voyez-vous je suis vieille, et ne me fie à personne. Donnez-moi un gage de votre sincérité, s’il vous plaît, avant d’ajouter un mot de plus. Les affaires sont les affaires !

Elle tendit ses deux mains.