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le chien d’or

me trahirait peut-être, il me trahirait bien sûr !

Descheneaux ! un ivrogne qui jette à tous les vents quand il est saoul, les secrets qu’on lui confie ! un avare qui pillerait l’autel ! un méchant qui battrait les Montagnais encore plus qu’il ne les volerait…

De Péan ! un imbécile qui me baiserait les pieds aujourd’hui, et me vendrait demain !… Au reste, lui, il a sa besogne. Il surveille Le Gardeur et le conduit doucement à sa perte…

Le Gardeur ! Celui ci, il n’en faut rien dire, il est encore trop gentilhomme ! il est encore trop soldat ! Une action comme celle-là lui répugnerait… Il serait capable de me faire rougir…

V.

Parmi tous ses associés, Bigot n’en voyait qu’un dont le caractère franc, quoique brutal, lui inspirait une parfaite confiance. C’était Cadet. Il était hardi et aventureux. Il enviait le bien des autres, mais il prodiguait le sien. Il reposait en Bigot la foi la plus profonde, le regardait comme le roi des bons lurons, jurait par lui, et le servait avec plaisir.

Bigot lui dit un mot à l’oreille. C’était au palais, au milieu des amusements les plus entraînants ; Cadet laissa le jeu immédiatement. Il ne s’occupa nullement de finir la partie.

En trois minutes, il eut chaussé ses bottes à éperons et fut prêt à monter à cheval.

Pendant qu’il attendait, le fouet à la main, dans un coin de la pièce, que le groom amenât les chevaux, Bigot lui dit ce qu’il espérait de son dévouement.

Il lui révéla le nom de la dame de Beaumanoir, lui raconta les incidents du conseil, les ordres du roi, la lettre de la Pompadour.

— Il faut, affirma-t-il en terminant, qu’elle soit éloignée du château, et je vous charge de la conduire secrètement aux Montagnais des Trois-Rivières.