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le chien d’or

Il s’aboucha avec une bande de Montagnais et leur demanda d’emmener avec eux, déguisée en indienne, une jeune fille blanche qu’il voulait soustraire à la vengeance de ses ennemis.

Le marché fut vite conclu, et le vieux chef jura de prendre le plus grand soin de la jeune fille, et de faire garder par sa tribu un secret inviolable sur cette affaire.

En retour, il eut la promesse que sa tribu serait amplement pourvue de poudre, de couvertes et de toutes sortes de provisions.

IV.

Bigot avait besoin de quelqu’un pour l’aider à mettre ce projet à exécution. Il faudrait conduire mademoiselle de St. Castin aux Trois-Rivières, et veiller à la fidèle exécution de l’engagement.

Il était entouré d’amis : Les amis que les mêmes intérêts et les mêmes plaisirs liaient ensemble. Ils se seraient hâtés de se rendre à ses désirs ; mais ces voluptueux, ces débauchés auraient, de leur souffle impur, souillé la candeur de la jeune victime. Il ne voulait pas l’exposer à leurs regards incontinents.

— Qu’ils s’amusent aux dépens des autres femmes, pensa-t-il, je m’en moque pas mal ! Mais ils ne profaneront jamais le nom de celle-ci !…

Il évoquait tour à tour ses dignes associés, comme pour en chercher un à qui confier le précieux dépôt, et tour à tour, il les flagellait et les marquait au front du fer rouge de la réprobation.

— Varin ! un rusé coquin qui flagorne l’Église et cajole sa tante, la supérieure des Ursulines, pour en obtenir des faveurs ! un fripon qui vendrait tout le monde pour un denier !

Pénisault ! un maudit chien qui volerait avec plaisir les pauvres Montagnais ! un lâche qui n’a pas du tout l’esprit aventureux, ni l’âme courageuse !…

Le Mercier, un parasite, un ambitieux fripon qui essaie de pêcher les faveurs de la Pompadour… Il