dirait, par la manne de St. Nicholas, que vous éprouvez déjà des regrets !
X.
Les rêves brillants d’Angélique venaient de s’effacer ; la lumière faisait place aux ténèbres tout à coup… Sa rivale n’existait plus et rien ne devait plus, pourtant, entraver son ambition et faire obstacle à ses succès… Ô moqueries du sort !… ce qu’elle désirait tout à l’heure, elle le regrettait maintenant ! Les voix du plaisir et de l’amour qui chantaient au fond de son âme, se sont changées en des sanglots ! Les cris d’allégresse en cris de vengeance !… Meurtrière ! meurtrière !… Et la justice des hommes et la justice de Dieu !…
— Oui, j’ai des regrets ! répondit-elle… Non, pourtant, pas encore ! Mais nous avons fait une chose folle, inutile, dangereuse !… C’est fait, maintenant… c’est fait ! Mais est-elle morte ? bien morte ?
— La Corriveau ne fait pas les choses à moitié, mademoiselle. Vous non plus ! Seulement, vous vous repentez et moi je me félicite. C’est la différence ! je l’ai tuée deux fois et il me faut double récompense.
— Une double récompense ? Vous l’aurez, répondit Angélique.
Quel secret nous avons à garder l’une et l’autre maintenant ! ajouta-t-elle, comme si cette pensée fut venue alors pour la première fois…
Je suis au pouvoir de cette femme, pensa-t-elle, et elle regarda sa complice d’un œil épouvanté.
Elle prit une petite boîte pleine d’or.
Pour ce soir, voici, fit-elle. Je n’ai pas compté. Emportez-la.
Cet or lui brûlait les mains…
XI.
La Corriveau cacha l’or dans sa poitrine, près de son cœur âpre et desséché.
— Soyez prudente, continua Angélique. Ne vous