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le chien d’or

votre beauté et les séductions de votre esprit, a charmé les yeux et ravit le cœur de celui que vous aimez, et vous voulez que je vous aide à triompher de l’impertinente et à ramener l’infidèle. N’est-ce pas cela, cette fois ?

— Oui, c’est cela, vous dis-je, mais c’est plus encore ! Ne pouvez-vous pas deviner ? Voyons ! devinez donc !

Et, appuyant lourdement sa main gauche sur l’épaule de la méchante vieille, elle se pencha à son oreille et lui murmura quelques paroles horribles. La Corriveau l’entendit et la comprit cette fois. Elle la regarda sérieusement.

— Oui, je le sais, répondit-elle, vous voulez vous débarrasser de votre rivale. Vos yeux, votre bouche, votre cœur demandent sa mort ; mais votre main a peur et n’ose obéir ! Vous voulez que la Corriveau fasse votre ouvrage… Tuer sa rivale, c’est sans doute, pour une femme, une tâche agréable. Mais pourquoi me mêler de cela, moi ? Qu’ai-je à y gagner ? que m’importent votre amoureux et vos amours, mademoiselle Des Meloises ?

X.

Angélique écoutait avec terreur, tomber de la bouche d’une étrangère, les paroles de mort qu’elle méditait elle-même et n’osait prononcer. Elle fut sur le point de nier, de se révolter ; elle tremblait ; cependant elle persista dans sa résolution.

— Je comprends, reprit-elle, que mes amours vous occupent peu, mais ne négligez point vos intérêts. Écoutez, la Corriveau, vous aimez l’or. Eh bien ! je vous en donnerai tant que vous en voudrez, si vous venez à mon secours. Aidez-moi et vous ne le regretterez pas ; c’est moi qui vous le dis. Votre fortune est faite ! mais si vous refusez, vous aurez lieu de vous en repentir. Entendez-vous, la Corriveau ? vous vous en repentirez ! Vous serez brûlée comme sorcière et vos cendres seront répandues sur Saint Valier ! par Dieu ! je vous le jure !