Page:Kirby - Le chien d'or, tome II, trad LeMay, 1884.djvu/136

Cette page a été validée par deux contributeurs.
136
le chien d’or

être de la part de l’Intendant lui-même que je suis Ici… Il veut vous cacher pour que l’on ne vous trouve point.

IV.

Un rayon d’espérance traversa l’âme assombrie de la condamnée. Bigot, en effet, devait songer à la sauver. Il était intéressé à le faire, puisque c’est lui qui l’avait perdue !

Elle se cramponna à cette pensée comme le noyé à une planche.

— C’est Bigot qui vous envoie ! exclama-t-elle en souriant, rougissant et pleurant à la fois. Il veut me faire conduire ailleurs ! Oh ! soyez bénie, messagère du bonheur ! soyez bénie !…

— Il désire que je vous conduise à St. Valier, répondit la vieille mégère, et quand le danger sera passé, vous reviendrez ici.

— Oh ! je le reconnais bien !… Comme il est bon lorsqu’il est laissé à ses propres volontés !… C’est comme cela que je l’ai connu autrefois !… L’avez-vous vu ? vous l’avez vu ! Il vous a parlé ? que vous a-t-il dit ?

— L’heure arrive ! l’heure arrive ! pensait joyeusement la vieille empoisonneuse. Ça va aller !

Et elle répondit :

— Je l’ai vu et il m’a parlé ; mais pas longtemps. Il est sévère, l’Intendant, et ne s’amuse guère à causer avec des personnes de ma condition. Cependant, il m’a chargé de vous remettre un gage de son amour. Il m’a dit que vous sauriez bien ce que cela signifie. Le voici ce gage, madame, dans ce coffret. Puis-je vous le remettre à présent ?

— Un gage de son amour ! un souvenir de lui ! Vous n’êtes donc pas une femme, vous ? Pourquoi tant tarder à me le remettre ? pourquoi ne pas me l’avoir donné tout de suite ?… Je n’aurais pas tant hésité à vous croire ! Donnez ! donnez ! Ah ! qu’il soit béni !

La Corriveau pâlit légèrement malgré sa dureté