sonne ne le sait ! exclama Caroline en levant ses mains jointes dans un élan de désespoir.
— Si personne ne le savait, mademoiselle, comment en serais-je instruite, moi, fit la sorcière ?… Votre père a des lettres du roi pour vous faire chercher partout.
Elle alla, de nouveau, pour offrir le coffret, mais elle pensa qu’il valait mieux attendre encore.
— Que Dieu ait pitié de moi ! cria mademoiselle de St. Castin.
III.
Après un sanglot elle reprit :
— Mais l’Intendant ? que savez-vous de lui ?
— L’Intendant ! le roi lui a ordonné de vous rendre à votre père, et il le fera, à moins que le gouverneur ne le prévienne… Le gouverneur vous cherche.
Caroline fut sur le point de défaillir.
— Le gouverneur va faire fouiller le château de fond en comble, reprit la Corriveau, et dès demain, peut-être.
— Mon Dieu ! mon Dieu ! exclama la jeune victime, en se cachant le visage dans ses mains, que ne suis-je dans une tombe profonde où seul vous me verrez ! Faites-moi miséricorde, car je n’ai plus rien à attendre de la clémence des hommes !… Je mérite mon malheur ! La mort n’est rien ; ce qui est terrible, c’est de savoir que ma honte ne mourra pas avec moi !
La Corriveau souriait encore, et ses doigts crochus caressaient la petite boîte mortelle.
— Le moment approche ! le moment approche ! murmura-t-elle entre ses dents venimeuses.
Caroline fit un pas vers elle.
— Est-ce bien la vérité que vous me dites-là ? répéta-t-elle encore d’une voix suppliante… Comment, vous une étrangère, pouvez-vous donc être informée de cela ?
— C’est la vérité, et je viens pour vous sauver ; mais je ne puis vous en dire davantage… C’est peut-