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le chien d’or

en dame. Vous êtes sous un déguisement… Pourquoi venez-vous me visiter de cette étrange façon ?

— Je vous le répète, je suis ce que je parais, et je viens vous trouver ainsi, parce que je ne puis venir autrement.

— Vous dites que je vous ai vue déjà ; je ne m’en souviens pas.

— Dans les bois de St. Valier. Vous rappelez-vous d’avoir rencontré là, une paysanne qui cueillait de la mandragore ? Vous aviez soif et elle vous donna du lait. Vous étiez avec des indiens.

II.

Ce fut un éclair dans l’esprit de la jeune fille, et une douce confiance lui revint aussitôt.

— Je m’en souviens ! s’écria-t-elle… Et vous étiez habillée comme maintenant, absolument !… Je vous remercie de la bonté que vous m’avez témoignée alors, oui, je vous en remercie

Elle lui tendit la main.

La Corriveau la prit dans la sienne, mais ne la pressa point. Elle demeurait froide, insensible. Elle répliqua, adoucissant autant que possible sa voix rauque et montrant une fausse compassion :

— J’ai été bonne pour vous alors, et je veux l’être encore aujourd’hui. Je viens pour vous secourir.

Elle sourit encore de son diabolique sourire, mais le réprimant aussitôt :

— Je ne suis qu’une pauvre femme, dit-elle ; cependant, je vous apporte un petit présent pour vous prouver que je ne vous ai pas oubliée.

Elle mit la main sur le coffret.

— Oh ! je ne doute pas de votre amitié, bonne dame, répondit Caroline, mais vous savez comme je suis inquiète. Parlez-moi donc de mon père, d’abord ; dites-moi tout ce que vous savez… Je suis dans une angoisse mortelle !…

— Il est en route pour la colonie, affirma la Corriveau, et il sait que vous êtes ici…

— Ici ? à Beaumanoir ? mais c’est impossible ! Per-