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le chien d’or

aucun ornement, sauf une bague que lui avait donnée Bigot, un gage d’amour dont elle ne voulait point se séparer et qui soutenait son espérance. Hélas ! la pauvre enfant, elle si constante, elle ne se doutait pas combien était vain le talisman ! Un souffle de l’enfer allait bientôt emporter sa jeune existence, et avec elle ses peines terrestres !

Elle prit sa guitare et, machinalement, ses doigts voltigèrent sur les cordes harmonieuses. Une romance qu’elle aimait beaucoup, et redisait souvent, autrefois, dans ses heures d’ivresse, quand sa vie était tout ensoleillée, lui revint à la mémoire. Elle soupira et d’une voix basse et douce, pendant que la guitare pleurait suavement comme une harpe éolienne, elle se mit à chanter ces paroles mélancoliques.

La linotte, sur l’aubépine,
À l’heure où la cloche sonnait,
Chantait, et sa voix argentine
Comme un chant des deux résonnait !

Comme un chant des deux quand la rose
Fleurit sur le bord du chemin,
Et que les pleurs d’un ange arrose
Ses douces feuilles de Carmin !

Ô linotte joyeuse, cesse
Sur l’arbre vert, tes chants joyeux !
Ma patrie est dans la tristesse,
Mon pauvre cœur est soucieux !

Mon pauvre cœur plein de souffrances
N’espère plus au lendemain !
J’ai pris la coupe d’espérance
Mais elle tombe de ma main !

VIII.

La lampe jetait un vif éclat, et quand la captive suspendit son chant, le silence parut profond comme dans un sépulcre.

Elle écouta pour voir si le bruit de quelques pas ne se ferait point entendre, et son cœur battait affreusement.