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le chien d’or

Elle ferma la porte sur elle par mesure de prudence et alluma sa bougie.

Comme on disait la tour hantée par des esprits, les servantes du château se donnaient garde d’y entrer. Les hommes même qui s’y aventuraient passaient pour des braves.

La Corriveau, sa lumière à la main, descendit à pas lents au fond des voûtes ténébreuses. C’était une large caverne en pierre, véritable demeure de la nuit noire, dont l’obscurité humide semblait absorber la faible et vacillante lumière qu’elle portait. De rudes colonnes de pierres brutes séparaient en trois parties cette espèce de caverne.

Un mince filet d’eau tombant dans une auge de pierre entrait d’un côté, traversait les voûtes et se perdait de l’autre côté. Son murmure incessant et monotone, semblait celui d’une clepsydre marquant les heures de l’éternité.

VI.

La Corriveau s’avança résolument, comme une personne qui sait où elle va et connaît son chemin. Elle se trouva bientôt en face d’un panneau en bois, comme ceux du château. Elle l’examina attentivement avec sa lumière, pourvoir comment il s’ouvrait.

Mère Malheur lui avait parlé de ce panneau, de sorte qu’elle n’eut pas de peine à le faire tourner. Il suffisait de savoir où le toucher.

Elle ne le referma point sur elle. Le couloir où elle entrait conduisait à la chambre secrète. Il n’y avait plus d’obstacles ; le chemin était libre.

Elle n’avait point frayeur, car elle ne pouvait rien rencontrer de pire qu’elle-même. Devant elle, point de crainte ni d’hésitation, derrière elle, point de remords !

Elle trouvait le chemin long, et les voûtes plus basses semblaient peser sur sa tête maudite.

Elle arriva à une porte de fer grillée, sous une arche lourde.