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le chien d’or

Cette pierre, elle pouvait bien s’en souvenir et la reconnaître, car elle l’avait fait servir au crime, un jour…

Maintenant Dieu seul et elle s’en souvenaient… Cela l’inquiétait peu, mais Dieu n’oublie rien !

II.

Tout à coup, dans la clarté douteuse de la lune sous le feuillage, elle crut voir apparaître devant ses yeux une forme humaine. En même temps, un frémissement de feuilles la fit tressaillir de peur. Elle crut qu’elle était découverte.

C’était la pierre grise du crime qui prenait la forme d’une femme, dans le jeu des rayons et des ombres.

Les habitants disaient que cet endroit était hanté par un fantôme : une femme habillée de gris. Cette infortunée avait été empoisonnée par un amant jaloux.

La Corriveau lui fit manger de la manne de St. Nicolas et elle tomba morte à ses pieds, sous les yeux de son bien-aimé.

Alors, lui, il s’enfuit dans la forêt, en proie aux plus cruels remords, tomba malade et fut dévoré par les loups.

Seule au monde, la Corriveau connaissait ce drame sanglant.

III.

S’apercevant que c’était la pierre grise d’autrefois qui l’avait épouvantée, elle se mit à rire.

— Bah ! les morts ne reviennent pas, murmura-t-elle. Et puis, si elle revenait, elle, cela me ferait une compagne de route.

La misérable n’aurait peut-être pas eu peur, si l’image de sa pâle victime lui était apparue pour lui reprocher sa cruauté.

IV.

La cloche du château sonna douze coups. Dans