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le chien d’or

— Vous savez qui je suis, balbutia-t-elle, et pourquoi je suis ici ?… c’est impossible ! je ne vous ai jamais vue…

— C’est vrai, vous ne m’avez jamais vue ; mais je vais vous dire quand même qui vous êtes : Vous êtes la fille du baron de St. Castin. N’est-ce pas vrai ?

La sorcière avait un aspect effrayant en parlant ainsi.

— Ô mère des miséricordes ! s’écria mademoiselle de St. Castin, tout effrayée, ayez pitié de moi !… qui êtes-vous donc, ajouta-t-elle, vous qui me connaissez si bien ?…

— Je ne suis qu’une messagère, madame. Je suis venue ici pour vous apporter une lettre de la part d’une amie qui vous connaît mieux que moi, et qui désire beaucoup vous voir, et vous communiquer des choses de la plus haute importance.

Elle lui remit le billet plié de la Corriveau.

— Une lettre ? fit Caroline, quel est ce mystère ?… Est-ce de l’Intendant ?

— Non, madame, c’est d’une femme.

Caroline rougit et trembla en prenant la lettre.

— C’est d’une femme, pensait-elle, il doit y avoir des motifs sérieux.

XXI.

La Corriveau affirmait qu’elle était une amie inconnue, désireuse de la protéger dans un moment critique… Le baron de St. Castin savait sa fille en la Nouvelle-France, et il était autorisé par le roi, à la chercher partout. S’il la retrouvait, elle serait envoyée en France…

Elle connaissait bien d’autres choses qu’elle ne pouvait pas écrire, mais qu’elle lui confierait dans une entrevue.

Elle connaissait le passage souterrain qui allait de la tour aux voûtés du château. Elle s’y rendrait la nuit suivante, à minuit juste, et elle irait frapper à la porte de la chambre secrète.

L’Intendant serait probablement une huitaine de