Page:Kirby - Le chien d'or, tome II, trad LeMay, 1884.djvu/108

Cette page a été validée par deux contributeurs.
108
le chien d’or

moi ! Elle est aussi belle et aussi triste que Notre-Dame des douleurs. Ce qu’elle est, je puis le deviner ; mais son nom, impossible ! Je donnerais mon petit doigt pour le savoir, cependant.

— Je ne comprends pas, dame Tremblay, qu’on ait des secrets avec vous. Tout de même, vous m’apprenez là, une chose vraiment extraordinaire. Une femme qui est cachée ici ! Et vous ne pouvez pas la connaître ? C’est drôle !

— C’est pourtant la vérité. Si je vous disais que j’ai essayé toutes les ruses ; mais elle a été plus fine que moi. Si c’était un homme, j’en viendrais bien à bout. Quand j’étais la charmante Joséphine du lac Beauport, je pouvais rouler les hommes comme un fil autour de mon doigt, mais cette femme, c’est un nœud inextricable.

— Que savez-vous d’elle ? quels sont vos soupçons, dame Tremblay ?

— Ma foi, je vous dirai bien que je la crois un peu comme nous toutes, les femmes, pas meilleure que de raison. L’Intendant le sait bien, lui, mademoiselle Des Meloises aussi. Elle aussi, la pauvre captive, connaît un peu ses misères, car elle prie et pleure beaucoup. C’est pour cela qu’elle se montre si discrète.

XVII.

— Savez-vous bien, dame Tremblay, que c’est une grande nouvelle que vous m’apprenez là, reprit mère Malheur, dissimulant du mieux qu’elle pouvait la joie extrême qu’elle ressentait, et bien décidée à ne pas laisser échapper une si belle occasion de servir la Corriveau.

Mais qu’attendez-vous-de moi en cette circonstance, continua-t-elle.

— Ce que j’attends de vous ? le voici. Vous allez voir cette dame, mère Malheur, sous le plus grand secret, bien entendu ! et vous lirez dans ses mains tous les secrets qu’elle nous cache. Vous comprenez ?

— Je ferai tout ce que vous voudrez, dame Trem-