Page:Kirby - Le chien d'or, tome II, trad LeMay, 1884.djvu/107

Cette page a été validée par deux contributeurs.
107
le chien d’or

ritait de ne pouvoir le pénétrer, et taxait presque d’impertinence la réserve de cette fille qui ne voulait pas même dire son nom.

Le plus extraordinaire, c’est que l’Intendant lui avait défendu de chercher à pénétrer le secret de sa captive.

En fallait-il plus pour irriter même la plus indolente curiosité ! Mère Malheur arrivait fort à propos.

XV.

— Vous sentez-vous bien, maintenant, mère Malheur ! demanda-t-elle, à sa visiteuse. Ce petit verre vous a rendue colorée comme une pivoine.

— Je me sens très bien, oui : Il est vraiment bon, ce cognac, il réchauffe sans brûler… Ce verre, c’est ce qui m’est arrivé de plus heureux aujourd’hui…

— Il doit y avoir du nouveau à la ville : des naissances, des mariages, des décès. Il doit y avoir des relations tendres, des heureux, des malheureux en amour ; des noms proclamés, des réputations naufragées. Voyons ! mère Malheur, parlez, dites tout… J’aurai quelque chose d’intéressant à vous conter… Encore une petite goutte de ce bon cognac.

— Décidément, dame Tremblay, la tentation est trop forte, répondit mère Malheur.

Elle se versa un bon coup, et le verre à la main, elle commença à rapporter les rumeurs qui couvraient les rues de la ville, et elle leur donnait des couleurs agréables et des tournures piquantes.

Dame Tremblay était ravie.

— Maintenant, dit-elle, j’ai un secret à vous confier, mère Malheur.

Elle parlait bas et d’une façon mystérieuse.

XVI.

— C’est un secret formidable, reprit-elle, attention ! il vaudrait mieux être brûlée vive que de le révéler.

« Ici, dans le château, il y a une dame, une vraie dame s’il en fut jamais, qui vit dans la retraite la plus profonde. L’Intendant seul peut la voir… et