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le chien d’or

Elle faisait allusion aux domestiques qui, la tête dans les portes, chuchotaient entre eux.

XIII.

Les deux vieilles femmes entrèrent.

Dame Tremblay conduisit mère Malheur à sa chambre et lui versa un verre d’eau-de-vie.

— Prenez ceci, dit-elle, cela va vous réconforter. Il est excellent ce cognac… J’en prends, moi, de temps en temps, un plein dé, comme cela, et je m’en trouve bien…

Quand j’étais la charmante Joséphine, j’avais coutume de mettre mes lèvres sur le bord des gobelets que je présentais aux galants, et je ne buvais pas plus qu’une mouche. Les coquins ! ils ne voulaient boire que dans ces gobelets ! Hélas ! mère Malheur ! ajouta-t-elle, d’un air dolent et en branlant la tête, nous ne pouvons pas rester toujours jeunes et belles !

— Non, c’est vrai ; mais nous pouvons demeurer joyeuse et grasse… c’est ce que nous avons fait ! Vous ne buvez pas la vie goutte à goutte, et je parie que si quelqu’un vous proposait de vous conduire à l’église, vous seriez capable d’y courir encore, mieux que n’importe quelle jeune fille de la Nouvelle-France.

La répartie de mère Malheur, fit rire aux éclats dame Tremblay. Elle approcha sa chaise de sa vieille camarade et la regardant en face :

— Quelles nouvelles ? demanda-t-elle.

XIV.

Elle était douée d’une vive curiosité, la mère Tremblay, se tenait au courant de tout ce qui se passait à la ville et à la campagne, éprouvait autant de plaisir à répandre les rumeurs qu’à les recueillir, et ne lâchait jamais une personne qu’elle n’en eût tiré tous ses secrets.

Le mystère qui enveloppait mademoiselle de St. Castin l’intriguait assez, conséquemment. Elle s’ir-