la blessa. Elle frappa du bout de sa canne le sol avec fureur, et faisant signe de son doigt osseux elle s’écria :
— Que le diable vous emporte, Babet ! Comment se fait-il que vous soyez devenue la femme d’un honnête homme ? il n’y avait donc pas de sorcière alors ? Ah ! vos belles joues roses deviendront blanches comme un morceau de craie, avant que vous en attrapiez un autre, quand celui-ci sera mort ! Regardez !…
Elle fit, avec le bout de sa canne, un pentagone sur le sable.
Quand ce signe sera effacé, continua-t-elle, attention ! les malheurs commenceront. Ce n’est pas moi qui les cause, ces malheurs, je ne fais que les prédire ! Adieu, dame Babet, bon voyage à moi ! mauvaise chance à vous !
X.
La vieille sorcière s’éloigna, marchant vite, à l’aide de sa canne, sur le bord du chemin qui conduisait à Charlesbourg.
Jean était terrifié : Babet, rouge de colère, se frappa dans les mains en criant :
— Va-t-en, vieille méchante ! je voudrais te voir monter à la lune dans un baril de goudron enflammé !… Mauvais voyage ! mauvais voyage !… D’abord, tu ne sors jamais que pour le mal !…
Jean, dit à Babet, d’un air triste et d’un ton lamentable :
Elle a laissé la marque de Satan sur le sable ; allons-nous l’effacer, ou demander au curé qu’il vienne avec de l’eau bénite ? Mais pour sûr qu’il arrivera malheur à quelqu’un ensuite.
— Mais si le malheur ne tombe pas sur nous, Jean, qu’est-ce que cela fait ? Pas besoin de pleurer ! Laissons ce signe, et le curé l’effacera. Il détournera bien la malédiction.
— C’est bon ! laissons-la aussi longtemps que pos-