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embrasser la foi chrétienne serait alors un crime audacieux.

Comment l’apôtre va-t-il maintenant nous prouver qu’il ait cette autorité ? Fournir une preuve matérielle n’est point d’un apôtre ; il n’a pas d’autre preuve que sa parole. Il faut que cela soit ainsi, sinon le rapport du croyant avec lui est direct, mais non pas paradoxal. Dans le rapport transitoire de l’homme à l’homme en tant qu’homme on reconnaît presque toujours l’autorité à son pouvoir temporel. L’apôtre n’a point d’autre preuve que sa parole et, tout au plus l’empressement avec lequel il souffre joyeusement à cause de cette parole. Il dira simplement : »Je suis l’envoyé de Dieu ; agissez avec moi selon votre guise ; quand même vous devriez me persécuter et me passer par les verges, je n’ai qu’une parole qui est celle-ci : »Je suis l’envoyé de Dieu, et vous serez à tout jamais responsables de la façon dont vous agissez avec moi.« Supposons qu’en effet l’apôtre fût muni de pouvoir temporel, qu’il exerçât une grande influence et eût des relations puissantes de manière à pouvoir l’emporter sur les opinions et les décisions des hommes, — s’il fait valoir son autorité ce sera au détriment de sa cause ; car il rend alors ses efforts identiques à ceux des autres hommes, tandis que l’apôtre tient toute son importance de son hétérogénité paradoxale, son autorité divine