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à la vie éternelle. La foi le dispense alors »de se creuser le cerveau« par des méditations. Supposons ensuite qu’un autre homme veuille méditer sérieusement sur la question de la vie éternelle. Ne pourra-t-il pas avec raison se refuser à accepter la simple affirmation comme une réponse provenant de la méditation ? Ce que Platon nous dit sur la vie éternelle, provient d’une méditation profonde et sérieuse ; voilà précisément pourquoi le pauvre Platon est dépourvu d’autorité.

Voici pourtant l’état de l’affaire : le doute et l’incrédulité, dont se nourrit la vanité de certains chrétiens, ont amené les hommes à ne point vouloir obéir à l’autorité. À leur insu, peut-être, l’idée de la révolte s’empare de l’esprit même des gens de bien, et les voilà lancés dans le maniéré — qui, à vrai dire, est une perfidie — prêchant du sublime, du merveilleux qu’on entrevoit etc. — De nos jours il faut qualifier d’affectation l’élocution religieuse. Je ne fais point ici allusion à l’emploi d’expressions onctueuses ni aux gestes, trop pittoresques peut-être. Tout cela est moins important, quoiqu’il soit toujours désirable qu’on s’en abstienne. Ce qu’on peut critiquer c’est alors que la suite des idées de la dissertation religieuse soit affectée, le prédicateur insistant sur des arguments sans valeur et exhortant à la foi par des raisons incapables d’être l’objet de la foi. Nous qualifierons d’affecté le