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appartient à la sphère transcendante du paradoxe religieux, et se manifeste par conséquent d’une manière qui diffère qualitativement de la relation entre l’apôtre et les autres hommes, savoir : ils se rapportent à lui par la foi tandis que la spéculation est toujours dévolue à l’immanence. Pourtant la foi est tout aussi peu un élément transitoire que ne le serait la qualification paradoxale de l’apôtre.

Or, pour ce qui est de l’autorité dans les rapports de l’homme à l’homme en tant qu’homme, la spéculation n’admet aucune différence durable ou permanente, l’autorité, n’étant qu’un élément transitoire.

Pourtant l’éternité abolit toutes les autorités ici-bas ; mais, en est-il de même quant à la sphère transcendante ? Citons un exemple bien simple et cependant très éclatant : Le Christ dit : »Il y a une vie éternelle«, et puis une autre personne répète les mêmes paroles. Les deux énonciations se valent esthétiquement quant à la déduction, le développement, l’esprit méditatif et l’abondance de pensées ; toutefois elles diffèrent qualitativement. Le Christ, l’homme Dieu, possède la qualité d’autorité spécifique que l’éternité ne saurait assimiler, de même qu’elle ne saurait rabaisser le Seigneur au niveau de l’égalité essentiellement humaine. C’est pourquoi le Christ enseignait avec autorité, et il n’y a que le blasphémateur qui demande si