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Une qualité spécifique ne saurait faire inférer qu’un homme diffère de tous les autres hommes. (Ce serait mettre fin à toute spéculation comme cela arrive tout naturellement dans la sphère du paradoxe religieux et de la foi). Devant la spéculation toute différence entre l’homme et l’homme en tant qu’homme s’évanouit comme un élément de la totalité et la qualité de l’identité. Dans les relations politiques, sociales, domestiques ou disciplinaires il me faut respecter la différence (l’autorité) et lui obéir ; la religion m’édifie par la promesse que dans l’éternité les différences seront nulles, celles qui m’humilient ainsi que celles qui m’exaltent. Sujet de mon roi je dois lui obéir et l’honorer ; il m’est pourtant permis de m’édifier religieusement par la pensée que le ciel est ma véritable patrie et, si par hasard j’y rencontre feu sa Majesté, je ne suis en aucune façon tenu à la sujétion.

Or, tel est le rapport de l’homme à l’homme en tant qu’homme. Mais entre Dieu et l’homme il y a une différence éternelle et essentiellement qualificative qu’on ne saurait escamoter qu’au moyen d’une spéculation audacieuse et blasphématoire, et la voici :

Dieu et l’homme diffèrent tant que dure l’élément transitoire de la vie terrestre. De son vivant l’homme doit obéir à Dieu et l’adorer, tandis que dans l’éternité la différence est con-