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l’autorité, disent à un autre homme : Allez ! il y a identité quant à la forme et la substance, et le dire de l’un vaut autant que celui de l’autre par rapport à l’esthétique, mais nullement par rapport à l’autorité. Celle-ci est nulle dès qu’elle n’est point le το ἕτερον et qu’elle n’indique rien qu’une exaltation de l’identité. Le maître pénétré du sentiment d’avoir tout sacrifié pour la doctrine prêchée par lui, agira avec fermeté ; l’autorité ne lui vient pourtant point de la conscience d’avoir fait son possible. Sa vie ne nous prouve point l’excellence de la doctrine, car elle n’en est qu’une simple réduplication. En réglant sa vie sur la doctrine il ne démontre point que celle-ci est excellente mais simplement qu’elle lui paraît telle, tandis qu’un officier de police, qu’il soit un fourbe ou un honnête homme, a toujours de l’autorité dès qu’il entre en fonction.

Pour mieux définir la notion de l’autorité si importante dans la sphère paradoxale-religieuse, je poursuis la dialectique sur l’autorité. La sphère de l’immanence n’admet point l’autorité ou l’admet tout au plus comme un élément transitoire qui s’évanouit déjà dans la finité qui, à son tour, va s’évanouir avec toutes ses différences. Devant la spéculation tous les rapports de l’homme à l’homme en tant qu’homme, sont basés sur la différence quant à l’identité immanente, c’est-à-dire sur une conformité essentielle.