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à l’apôtre. Au lieu que l’autorité divine de ce dernier allait préserver la doctrine de tout examen insolent, on en critique la substance et la forme afin de savoir si elle provient d’une révélation. Et, en attendant que, au premier étage, les savants délibèrent sur le problème, Dieu et l’apôtre vont faire antichambre dans la loge du portier. Au lieu que, par son autorité divine l’élu de Dieu met à la porte tous les insolents qui raisonnent au lieu d’obéir, les hommes en font un candidat qui, l’examen passé, va colporter une nouvelle doctrine.

Qu’entendez-vous par autorité ? Provient-elle de la supériorité de la doctrine ou des idées sublimes qu’elle nous révèle ? — En aucune façon ! Nulle est l’autorité qui se sert d’un réduplicatif pour indiquer que la doctrine est sublime, vu qu’il n’y a plus de différence entre le maître et l’élève, pourvu que celui-ci pénètre bien à fond la doctrine et se l’approprie en entier. Mais pour avoir pénétré bien à fond la doctrine il ne s’ensuit point qu’on en ait acquis l’autorité, qui constitue un titre, une qualification émanant d’une autre source. Voilà pourquoi elle se fait valoir qualitativement dès que la substance de la parole ou de l’action est traitée par les esthétiques comme chose indifférente.

Je vais citer un exemple bien simple : Que deux hommes dont l’un est le dépositaire de