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ceux qui n’ont point d’autorité tels que les hommes de génie, les philosophes et les poètes, dont on n’estime les paroles que par leur portée esthétique ou philosophique. Le poète parle-t-il bien — le voilà un génie ; et vient-il à trouver une expression tout à fait heureuse — c’est Dieu qui parle !!!

Or, de cette façon on écarte Dieu ; il est nul. Appelle-t-il l’homme par une révélation et l’envoie, muni d’autorité divine, aux autres hommes, ceux-ci lui demandent : Qui t’a envoyé ? Et lui de répondre : Dieu. Pourtant Dieu ne lui vient point en aide comme le pourra un roi en le faisant escorter par des soldats ou des officiers de police, ou en lui remettant une bague, ou sa signature royale qui est connue de tout le monde. Bref, Dieu n’oblige point les hommes en leur démontrant par des preuves palpables la validité de l’apôtre. Le miracle n’offre aucune garantie matérielle, vu qu’il s’impose à notre foi. Et puis c’est du non-sens que de demander une garantie matérielle de la validité de l’apôtre (élément paradoxal d’un rapport spirituel) ou de l’existence de Dieu qui est esprit. Donc, l’apôtre prétend être l’envoyé de Dieu. On lui répond : À la bonne heure ! Nous allons examiner la substance de ta doctrine. Que celle-ci soit vraiment divine nous l’adopterons et croirons à la révélation : — On donne ainsi le change et à Dieu et