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tion. Je ne puis, et je n’ose point te contraindre à l’obéissance, mais, me servant des liens par lesquels ta conscience te rattache à ton Dieu, je te rends responsable à tout jamais de la manière dont tu envisages la doctrine que j’ai prêchée d’autorité divine, parce qu’elle m’a été révélée.«

L’autorité est le point essentiel qualificatif. Vous sentez bien que, rien que dans les relations de la vie de l’homme ici-bas, il y a déjà entre une ordonnance de par le Roi et les paroles du poète ou du philosophe une grande différence — quand même celle-ci disparaît devant l’immanence. L’ordonnance de par le Roi commande avec autorité et prévient par conséquent toute insolence de la part de la critique ou de l’esthétique. En ce sens l’autorité du poète ou du philosophe est nulle. Leur proposition n’est jugée que selon son rapport à l’esthétique et la philosophie qui en apprécient la substance et la forme. La perturbation jetée dans les idées chrétiennes provient de ce que d’abord on a failli révoquer en doute l’existence de Dieu, et qu’ensuite on s’est rebellé contre toute autorité qu’on est venu à bout d’oublier ainsi que sa dialectique. Le Roi existe ; on peut s’en convaincre par les sens. Il pourra au besoin nous donner une preuve palpable de son existence. Mais il n’en est point littéralement ainsi pour ce qui concerne Dieu. Le doute en a tiré parti en traitant Dieu de pair avec tous