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santerie ; on ne se débarrasse du sérieux d’un niais qu’en riant à ses dépens.

Reprenons notre sérieux : Platon, Shakspeare et les faiseurs de tentes n’ont rien de commun avec l’apôtre Saint-Paul.

L’homme de génie et l’apôtre diffèrent qualitativement. Ce sont des notions qui appartiennent chacune à sa sphère qualitative : l’Immanence et la Transcendance.

1. Or, l’homme de génie nous enseigne peut-être du nouveau, mais sa doctrine s’évanouit, n’ayant pour soutien que l’humanité qui se l’est assimilée. La notion de »génie« disparaît de même devant l’idée de l’éternité.

L’apôtre nous enseigne, lui aussi, du nouveau, mais c’est quelque chose de permanent, car c’est le paradoxe et non pas une anticipation relative au procédé du développement de l’esprit humain.

Aussi l’apôtre différera-t-il à jamais des autres hommes de toute la distance que peut faire naître un paradoxe.

2. Ce qu’un homme de génie est il l’est par lui-même : par ce qu’il est en lui ; l’apôtre tient tout de par son autorité divine.

3. La téléologie de l’homme de génie n’est qu’immanente, tandis que celle de l’apôtre est absolue et paradoxale.