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Ce serait se tromper que de le croire. La mine est ouverte, de précieux lingots en ont été extraits ; leur valeur générale est constatée ; il s’agit maintenant de les soumettre au creuset de la discussion, de les classer selon leur titre. Voilà où en est la question. M. Magnin l’a parfaitement posée en ces termes :

« La critique, dit-il, est aujourd’hui à peu près unanime : il n’y a plus guère de controverse que sur la plus ou moins grande pureté des textes. »[1]

Or, envisagés sous ce rapport, les documents les plus importants contenus dans le Myyyrian, qui sont, comme on sait, les poèmes d’Aneurin, de Liwarc’h-Henn, de Taliésin et de Merzin, donnent le résultat suivant :

Les œuvres de Liwarc’h-Henn et d’Aneurin offrent peu de traces d’interpolations, et ne paraissent point avoir été altérées, au moins à dessein. Leurs imperfections, tout accidentelles, sont généralement le fait des copistes. Une portion seulement des poésies de Taliésin, et, par malheur, la moins considérable, a conservé le cachet originel. La majeure partie a été retouchée, remaniée, rajeunie, arrangée systématiquement, avant le XIIe siècle, et, quant à cette dernière, il ne faut tenir pour certaine que la date des manuscrits.

Ce qui est vrai pour Taliésin, Test encore davantage pour Merzin ou Merlin : on ne peut pas citer une seule pièce, une seule strophe originale de ce barde : toutes portent des traces nombreuses de remaniements. Si j’ai cru le contraire dans un temps avec M. Tumer, et fait une exception comme lui, je me suis trompé. La raison de ces retouches, ou plutôt de ces refontes complètes de toutes les œuvres de Merzin et d’une partie de celles de Taliésin est que l’un et l’autre étaient re-

  1. Journal des savants, mai 1847, article sur le Barzaz-Breiz, Chants populaires de la Bretagne, recueil couronné par l’Académie française, p. 262.