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un sommeil peu interrompu pendant des siècles, leur voix se fait de nouveau entendre au milieu de notre civilisation moderne, et leurs ouvrages ont été jugés dignes du grand jour de la publicité dans le Paris de 1850. »

Les dix années qui se sont écoulées depuis cette époque, et l’examen à froid de mon œuvre, ne m’y ont fait rien remarquer d’assez grave pour nécessiter des changements notables. La découverte de manuscrits antérieurs à ceux que nous avons m’aurait seule forcé de publier une édition nouvelle avec un autre texte et, par suite, une traduction plus ou moins modifiée. Jusqu’à cette découverte, je crois devoir maintenir en général la version que j’ai suivie et mon interprétation. Mais, ai-je besoin de dire combien c’est à contre-cœur, combien je serais heureux de refaire mon livre pour l’améliorer !

J’ai voulu du moins, aujourd’hui, donner une idée de ce qu’il serait s’il était tout composé de textes archaïques, et l’un d’eux, conservé à Cambridge, me l’a permis. Il ne porte aucune trace de la grande réforme littéraire accomplie dans le pays de Galles, au XIIe siècle ; nulle complication, nulle subtilité, nul raffinement dans la reproduction du système phonétique par l’écriture ; c’est la simplicité même, l’indigence primitive, la barbarie, si l’on veut, telle qu’elle a persisté chez les peuples littérairement attardés du Cornwall et de l’Armorique ; c’est du vieux breton, enfin, du brythonek, comme l’appelait dès l’année 1140 Geoffroi de Monmouth, pour