Page:Kervarker - Bardes bretons.djvu/13

Cette page n’a pas encore été corrigée

méconnaissable à l’œil sous son travestissement gallois. Déjà, précédemment, notre Eugène Burnouf m’avait exprimé la même opinion ; seulement, il m’avait suggéré une idée heureuse que j’ai exécutée : je lui dois la pensée de mon double texte ; le texte courant, avec l’orthographe primitive rétablie autant que possible ; le texte du bas des pages, avec celle des manuscrits du moyen-âge.

Dois-je aujourd’hui changer de méthode ? Je n’hésiterais pas si je n’avais lieu d’errer que le premier et le plus éminent de mes contradicteurs a changé lui-même d’avis, après une étude plus approfondie des sources, et que la simple vue du fac-simile que j’ai publié des anciens manuscrits bretons aura porté dans son esprit une lumière supérieure à la démonstration la plus convaincante. Il ne dira plus, j’aime à le croire, que j’ai eu pour but de ramener au bas-breton moderne l’ancien gallois ; [1] que « nous ne connaissons pas l’orthographe employée antérieurement à l’an 1000, et qu’il est évident que la forme première des poèmes du VIe siècle nous reste et nous restera probablement toujours inconnue. » Il n’insinuera plus qu’ils ne furent point écrits dès le début avec l’alphabet romain ; il y regardera de près avant de donner sa confiance à l’alphabet prétendu drui-

  1. Singulière méprise du savant critique ! comme si j’étais cause que le breton de nos jours est, de tous les dialectes celtiques, celui qui a le plus de rapports de style et d’orthographe avec l’ancien gallois, précisément parce qu’il a été moins cultivé que le gallois nouveau !