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du travail. Les tribus pastorales produisaient non seulement davantage, mais elles produisaient aussi d’autres aliments que le reste des Barbares. Elles n’avaient pas seulement l’avantage du lait, des produits lactés et de la viande en plus grandes quantités ; elles avaient aussi des peaux, de la laine, du poil de chèvre, ainsi que les fils et les tissus dont la production augmen­tait en même temps que les matières premières. C’est ainsi que, pour la première fois, un échange régulier devint possible. Aux stades antérieurs, seuls des échanges occasionnels peuvent avoir lieu ; une habileté particulière dans la fabrication d’armes et d’instruments peut amener une éphé­mè­re. division du travail. C’est ainsi qu’on a retrouvé, en bien des endroits, les vestiges cer­tains d’ateliers pour la fabrication d’instruments en silex, datant de la dernière période de l’âge de pierre ; les artistes qui y perfectionnaient leur habileté travaillaient sans doute, comme le font encore les artisans à demeure des groupes gentilices indiens, pour le compte de la communauté. Un autre échange que celui qui s’effectuait à l’intérieur de la tribu ne pouvait se produire en aucun cas, à ce stade, et cet échange même restait un fait excep­tionnel. Ici, par contre, après que les tribus pastorales se furent séparées, nous trouvons prêtes toutes les conditions pour l’échange entre les membres de tribus différentes, pour le dévelop­pe­ment et la consolidation de cet échange qui devient une institution régulière. À l’origine, l’échange se faisait de tribu à tribu, par l’entremise des chefs gentilices réciproques ; mais quand les troupeaux commencèrent à passer à la propriété privée, l’échange individuel l’empor­ta de plus en plus et finit par devenir la forme unique. Cependant l’article principal que les tribus pastorales cédaient en échange à leurs voisins, c’était le bétail ; le bétail devint la marchandise en laquelle toutes les autres furent évaluées et qui partout fut volontiers acceptée en échange de celles-ci ; — bref, le bétail reçut la fonction de monnaie et il en tint lieu dès ce stade : tant le besoin d’une monnaie marchandise fut indispensable et pressant, dès le début de l’échange des marchandises.

Précédant l’agriculture, la culture des jardins, sans doute inconnue aux barbares, asiati­ques du stade inférieur, apparut chez eux au plus tard pendant le stade moyen. Le climat des hauts plateaux touraniens ne permet pas la vie pastorale sans provisions de fourrage pour l’hiver long et rigoureux ; l’aménagement