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exemple, pour l’ensemble des Iroquois à leur apogée, alors que, ne comptant même pas 20 000 têtes, ils devinrent la terreur de tout le pays, des grands lacs jusqu’à l’Ohio et au Potomac. Un tel peuple particulier, si nous essayons de grouper d’après nos données ceux qui s’établirent aux bords du Rhin et sont les mieux connus, occupe en moyenne, sur la carte, l’espace d’un département prussien, soit environ 10 000 kilomètres carrés ou 182 milles géographiques carrés. La Germania Magna des Romains, jusqu’à la Vistule, englobe en chiffres ronds 500 000 kilomètres carrés. Avec un chiffre moyen de 100 000 têtes par peuple particulier, le chiffre total serait de cinq millions d’hommes pour la Germania Magna ; chiffre considérable pour un groupe de peuples barbares ; chiffre extrêmement faible pour nos conditions actuelles : 10 têtes au kilomètre carré, Ou 550 têtes par mille géographique carré. Mais ce chiffre est loin d’englober la totalité des Germains qui vivaient à cette époque. Nous savons que le long des Carpathes, jusqu’à l’embouchure du Danube, habitaient des peuples germains de souche gothique, les Bastarnes, les Peucins et d’autres encore, si nombreux que Pline en compose le cinquième groupe princi­pal des Germains , et qu’entrés dès l’an 180 avant notre ère à la solde du roi de Macédoine Persée, ils pénétrè­rent encore dans les premières années du règne d’Auguste jusqu’à la région d’Andrinople. Si nous les évaluons seulement à un million d’hommes, cela donne, comme chiffre vraisem­blable, au moins six millions de Germains, au début de notre ère.

Après l’établissement en Germanie, la population a dû se multiplier avec une rapidité croissante ; les progrès industriels mentionnés précédemment le prouveraient à eux seuls. D’après les monnaies romaines qu’on y a trouvées, les trouvailles archéologiques des marais du Slesvig datent du IIIe siècle. Donc à cette époque régnaient déjà, sur les bords de la Baltique, une industrie métallurgique et une industrie textile développées, un commerce actif avec l’Empire romain et un certain luxe chez les plus riches, — autant d’indices d’une popula­tion assez dense.