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ne pouvait être maintenue que par des guerres continuelles et des expéditions de rapine. La rapine devint un but. Si le chef de la compagnie n’avait rien à faire dans les parages, il s’en allait avec ses hommes chez d’autres peuples où il y avait la guerre et des perspectives de butin ; les troupes auxiliaires germani­ques qui, sous l’étendard romain, combattaient en grand nombre contre les Germains eux-mêmes, étaient en partie formées par des suites (Gefolgschaften) de ce genre. Le système des lansquenets, honte et malédiction des Allemands, existait déjà ici, dans sa première ébauche. Après la conquête de l’Empire romain, ces gens de la suite des rois formèrent, avec les serviteurs de Cour esclaves et romains, le deuxième élément principal de la future noblesse.

Dans l’ensemble, les tribus germaniques fédérées en peuples ont donc la même organisa­tion qui s’était développée chez les Grecs des temps héroïques et les Romains de la période dite des rois : assemblée du peuple, conseil des chefs gentilices, commandant militaire qui aspire déjà à un véritable pouvoir royal. C’était l’organisation la plus perfectionnée que pût produire l’ordre gentilice ; c’était la constitution modèle du stade supérieur de la barbarie. Quand la société dépassa les limites à l’intérieur desquelles cette organisation suffisait, ç’en fut fait de l’ordre gentilice, il fut détruit. L’État prit sa place.


VIII

LA FORMATION DE L’ÉTAT CHEZ LES GERMAINS

D’après Tacite, les Germains étaient un peuple très nombreux. César nous permet de nous faire une idée approximative des effectifs de tel ou tel peuple germanique particulier : il donne le chiffre de 180 000 têtes, femmes et enfants compris, pour les Usipètes et les Tenctères qui apparurent sur la rive gauche du Rhin. Soit le chiffre de 100 000 environ pour tel peuple particulier, chiffre beaucoup plus fort déjà que, par