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En Écosse, la ruine de l’ordre gentilice date de l’écrasement de l’insurrection de 1745. Quel chaînon de cet ordre gentilice représente en particulier le clan écossais, c’est ce qu’il faut encore établir ; mais qu’il en soit un chaînon, cela ne fait pas de doute. Nous voyons vivre devant nous ce clan haut-écossais dans les romans de Walter Scott. Il est, dit Morgan,

« un excellent modèle de gens par son organisation et son esprit, un exemple frap­pant de l’ascendant de la vie gentilice sur les gentiles... Dans leurs querelles et leur vendetta, dans leur partage du territoire par clans, dans leur exploitation commune du sol, dans la fidélité des membres du clan envers le chef et vis-à-vis les uns des autres, nous trouvons les traits de la société gentilice, traits qui se répètent partout... La filiation était comptée selon le droit paternel, si bien que les enfants des maris restaient dans leurs clans, tandis que ceux des femmes passaient dans les clans de leurs père. »

Mais le fait que dans la famille royale des Pictes, l’ordre de succession en ligne féminine était en vigueur, au dire de Bède, prouve que le droit maternel régnait antérieurement en Écosse. Et même un vestige de la famille punaluenne s’était maintenu jusqu’au Moyen Age, aussi bien chez les Gallois que chez les Scots, dans le droit de première nuit que le chef de clan ou le roi, dernier représentant des maris communs de jadis, pouvait légitimement exercer sur toute fiancée, si ce droit n’avait pas été rachetés.

Il est hors de doute que les Germains étaient organisés en gentes jusqu’aux grandes inva­sions. Ils ne peuvent avoir occupé que peu de siècles avant notre ère le territoire situé entre le Danube, le Rhin, la Vistule et les mers du Nord. Les Cimbres et les Teutons étaient encore en pleine migration, et les Suèves ne trouvèrent qu’au temps de César des résidences fixes. En parlant d’eux, César dit expressément qu’ils s’étaient établis par gentes et parentés (gentibus cognationibusque), et dans la bouche d’un Romain de la gens Julia, ce mot gentibus a une