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devait s’effectuer en gros d’après les règles valables en Allemagne. Maintenant encore, quelques terroirs de villages — fort nombreux encore il y a quarante ou cinquante ans — se trouvent dans ce qu’on appelle le rundale. Les paysans — fermiers individuels de la terre qui, autrefois, appartenait en commun à la gens et que volèrent les conquérants anglais — paient chacun le fermage de leur lot, mais réunissent les champs et les prés de l’ensemble des lots, les divisent selon leur situation et la qualité des terres en Gewanne (quartiers et soles), comme on dit sur les bords de la Moselle, et donnent à chacun sa part dans chaque « Gewann » ; les marais et les pacages sont utilisés en commun. Il y a cinquante ans encore, on procédait (le temps en temps, parfois chaque année, à un nouveau partage. La carte du terroir d’un village rundale offre très exactement l’aspect d’une Gehöferschaft allemande de la Moselle ou du Hochwald. La gens survit également dans les « factions ». Les paysans irlandais se divisent souvent en partis qui repo­sent sur des différences apparemment tout à fait saugrenues ou absurdes, restent parfaite­ment incompréhensibles pour les Anglais et semblent n’avoir d’autre but que les rixes solennelles et fort populaires d’une faction contre l’autre. Ce sont des reviviscences artificielles, des succédanés posthumes des gentes démembrées qui manifestent à leur façon la persistance de l’instinct gentilice héréditaire. D’ailleurs, dans certaines régions, les membres de la gens sont encore à peu près agglomérés sur leur ancien territoire ; c’est ainsi que vers 1830 la grande majorité des habitants du comté de Monaghan n’avaient encore que quatre noms de famille, c’est-à-dire qu’ils descendaient de quatre gentes ou clans.